Sans titre

L’année 2022 a été marquée par un double record pour le peintre ivoirien Aboudia. Reconnu comme l’artiste ayant vendu le plus d’œuvres dans l’année et comme celui dont une œuvre s’est vendue le plus cher dans la célèbre maison Christies à Londres (l’équivalent de 300 millions de francs CFA), Boby pour les intimes, se définit lui-même comme étant un peintre de la rue. La rue dont il s’inspire et qui l’a accueilli quelques temps. Revendiquant son identité Nouchi* et influencé par les sculptures ouest-africaines auxquelles ressemblent ses personnages, c’est avec le langage du street art qu’Aboudia choisi de s’exprimer. Il emprunte aux enfants de la rue leur écriture : les graffitis.

Diplômé en 2003 en art mural du Centre des Arts Appliqués de Bingerville, l’artiste est connu pour ses œuvres grandes (12 m²) voire monumentales (30, 60 mètres) où à l’acrylique se mêlent du carton, du charbon, de l’argile blanche, de la craie, des pages de journaux ou de magazines déchirées. Toutefois, certaines de ses œuvres restent dans des proportions plus modestes.

Révélé au public par son travail sur la crise politico-militaire ivoirienne de 2010/2011, Aboudia se laisse inspirer depuis lors essentiellement par le sujet des enfants de la rue et par son environnement à Abidjan et à New-York, villes entre lesquelles il vit et travaille. Nous en avons d’ailleurs ici une belle illustration. Trois personnages occupent la toile dans l’œuvre que nous proposons. Est-ce le cadre qui est réduit ou les protagonistes qui prennent trop de place ? Toujours est-il qu’ils apparaissent comme sur un gros plan, accaparant tout l’espace et forçant le spectateur à se focaliser sur eux, faisant presque fi de ce qui les entoure. Ce qui est en jeu ici, c’est l’humain dans toute son essence et dans toute son énergie. Si les corps disproportionnés et les dents proéminentes sautent aux yeux et interrogent, le choix des couleurs, également, interpelle. La dominance du orange, du vert et du bleu, exprime pêle-mêle toutes sortes d’émotions et traduit un état d’esprit. C’est un mélange de spiritualité, d’attachement à la nature, de force, d’énergie, d’ambition et de détermination. Tout cela, à l’image de cette jeunesse ‘’afro’’ que l’artiste prend plaisir à représenter.

Né en 1983 à Abengourou en Côte d’Ivoire, ABOUDIA a exposé dans son pays mais aussi en Suède, en Hollande, en Guinée Conakry, en Espagne, en Angleterre, aux USA, au Sénégal, en France, au Nigeria, en Afrique du Sud, au Maroc, en Italie, Norvège, en Israël et en Suisse.