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Pays d’originie
Mali
Art
Photographie
Techniques utilisées
Photographie digitale
Année ou période de création
2020
Dimensions
60 x 40 cm
Issu de la série Refuge de femme, l’œuvre représente le portrait d’une femme en tenue religieuse dont les traits distinctifs du visage ont été remplacés par l’entrée d’une église. De prime abord, l’œil qui observe est capté par le contraste des motifs sur un fond uni. Cet arrière-plan plat et monochrome donne de la profondeur à l’image qui tient lieu de visage. Lequel étrange visage finit par retenir toute l’attention ; puis le message apparaît pour révéler une femme sans identité. Une femme quelconque, dont l’individualité a été effacée. Le fond rouge saisissant qui l’entoure rappelle la souffrance et la douleur dans lesquelles elle évolue. Il marque une différence nette avec le blanc de la colombe qui symbolise la paix, comme pour dire qu’une femme, quelle que soit son identité, qu’elle soit reconnue ou pas, peut trouver la paix au milieu des tensions qu’elle vit, en franchissant l’entrée d’un lieu de culte.
La série Refuge de femme mêle habilement deux des thématiques habituellement développées par l’artiste : la femme et les lieux de culte.
Selon l’analyse faite par Amsatou Diallo, dans la société malienne, les personnes qui sont le plus acharnées et engagées sont toujours des femmes. Elles ont toutes une histoire et celle-ci est souvent douloureuse. La norme culturellement admise étant que les femmes dissimulent, supportent et pardonnent tout, même au prix de leur intégrité physique, les lieux de culte sont utilisés par elles pour pallier la souffrance, arriver à pardonner et être aidées psychologiquement. Les femmes ont recours à la religion comme à une thérapie pour guérir de leurs traumatismes. La religion est devenue un refuge de femme.
Lorsqu’en 2005 elle réalise en visitant la Biennale Africaine de la photographie qu’être photographe est un métier, la malienne Amsatou Diallo décide d’en faire le sien. Elle apprend les bases de la photographie artistique dans une galerie de la place, avant de faire, en 2006, une formation en argentique d’un an au Centre de Formation en Photographie (CFP). Finalement titulaire d’un Master en action artistique et culturelle du Conservatoire de Bamako, l’artiste affine ses connaissances du métier au cours des nombreuses résidences auxquelles elle participe à l’étranger.
C’est au cours de l’une d’elles qu’elle opte pour la technique de photomontage. D’abord pour se distinguer des autres photographes, mais aussi pour raconter sa culture en la mêlant à des lieux qui symbolisent des cultures aux antipodes de la réalité malienne.
C’est en 1982 à Ségou au Mali, qu’Amsatou Diallo voit le jour. Elle expose depuis 2007 localement et à l’international; notamment en France, en Belgique, aux USA, au Benin, au Burkina Faso, au Ghana, au Niger, au Nigeria, au Togo et au Sénégal. Ses photographies explorent les endroits où elle passe, pour raconter la vie, la femme et immortaliser le patrimoine matériel et immatériel du Mali, en voie de disparition.